Jadis n° 132

Jadis n° 132 – Septembre 2020

Sommaire

132 2020 09 Couverture 1 : Cambrai en 1919 : Les ruines (coll. Particulière)

132 2020 09 Couverture 2 Sommaire – Coordonnées de l’association

132 2020 09 00 page 01  : Éditorial.

132 2020 09 01 page 02 :  Cambrai : La rue Gauthier entre 1950 et 1960 Claude Lande

132 2020 09 02 page 15  : L’abbé Michel Dhaussy, curé de Cagnoncles (1ère partie) Emile Pinoy

132 2020 09 03 page 27  : Clément Emile Debremme, mort pour la France en 1944 Pierre Démaret

132 2020 09 04 page 39  : Cambrai : L’éprouvante année 1919 Jean-Marc Caudron

132 2020 09 05 page 46  : La dernière chaumière de Vertain Daniel Doison

132 2020 09 Couverture 3 : Les Amis du Cambrésis reçoivent un Martin

 Martine d’Or (Photo Philippe Barbet)

132 2020 09 Couverture 4 : Cagnoncles : Le calvaire (Photo Philippe Barbet)

Editorial

Ce numéro 132 s’ouvre sur un très beau travail de M. Claude Landa. Originaire de ce quartier, il nous raconte avec grande précision la vie quotidienne de la rue Gauthier au cours des années 50-60 : comptant environ 200 résidents, elle est reconstruite au début des années 50 après les bombardements. Sont évoqués pour nous les nombreux corps de métier, les 12 fermes, les maraî­chères…, le moment tant attendu de la ducasse, les personnages marquants comme le maréchal-ferrant. Ceci se passait juste avant le développement du quartier Martin-Martine, au début des années 60, dont l’histoire fera l’objet d’une belle exposition par le Service Ville d’Art et d’Histoire et le Labo, au Laboratoire culturel de Cambrai, des Journées du Patrimoine à fin dé­cembre. Nous avons ainsi en instantané une vision du quartier avant que tout ne bascule.

Un personnage a laissé profondément sa marque dans l’histoire du Cambrésis et en particulier de Cagnoncles : l’abbé Michel Dhaussy surnommé « l’enfant sage » c’est-à-dire savant. Né à Saint-Aubert en 1763, il fut curé de Cagnoncles de 1803 à 1843 et restera dans les mémoires. M. Emile Pinoy, de l’association des Amis du clocher, nous détaille dans cette première partie son enfance, ses études, les débuts de son enseignement, l’exil lors de la Révolution, le retour, la restauration de l’ornementation de l’église, et la construction d’un remarquable calvaire.

M. Pierre Démaret nous fait découvrir un personnage plus ambigu, Clément Debremme, mort pour la France en 1944 à Page de 33 ans. Né à Ramillies en 1911 d’un père qui déménage souvent et commet des larcins, il sera membre des FTP et à ce titre participera à l’assassinat d’Henry Gross, directeur de journal, en septembre 1943, et attirera dans un guet-apens un officier alle­mand en décembre 1943. La presse le présente comme un soi-disant patriote dont les actions au sein des FTP couvrent un trafic de marché noir. Condamné à mort, il sera pendu en 1944.

M. Jean-Marc Caudron évoque ensuite, grâce à la presse nationale, Cambrai en 1919 : les des­tructions, la faim, le vandalisme, le manque de moyens de transport, de matériaux pour réparer les habitations, l’absence de charbon, d’eau, de gaz et d’électricité. On débat sur la reconstruc­tion du clocher de la Cathédrale, Poincaré remet à la Ville la Légion d’Honneur, tandis qu’Alger est sa marraine.

Enfin M. Daniel Doison nous raconte la dernière chaumière de Vertain, où il a vécu. Cette chau­mière était caractéristique de l’organisation des habitations, dans les années 30-40, et témoigne précisément de la vie quotidienne et du niveau de « confort » de cette époque.

Enfin nous évoquons la remise à notre association les Amis du Cambrésis d’un Martin Martine d’or, qui nous encourage à poursuivre le travail bénévole entrepris depuis 1978.

Jadis en Cambrésis paraît régulièrement en janvier, mai et septembre. La pandémie de Covid-19 nous a amenés, après mûre réflexion, à repousser la parution de notre numéro de mai en sep­tembre, l’imprimerie, les points de vente, la poste, la presse, ne reprenant que très progressive­ment leur cours. Nous n’avons pu nous réunir depuis mars. Cela ne pénalise bien sûr pas nos abon­nés, qui ont toujours droit à quatre numéros. Nous comptons sur la compréhension de nos lec­teurs et sur leur soutien.

Toute reproduction, même partielle, d’articles parus dans « Jadis en Cambrésis » (texte et / ou photos), sous quelque support que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation de l’auteur et de l’éditeur.

Article 1

Cambrai – La rue Gauthier entre 1950 et 1960Claude Landa

avec l’aide de ses petites-filles Auriane et Pauline

J’ai voulu faire revivre cette rue un peu oubliée. Cela m’a permis de recenser 200 résidents, parents et enfants que j’ai connus et côtoyés et de remettre un visage sur chacun d’entre eux_ J’y suis né en 1939 au numéro 107 dans la maison de mes parents. La rue a subi plusieurs bombardements durant la guerre 39 – 45 dont celui de mai 1944. Des chasseurs bombardiers ont pris en enfilade la rue au lieu de la ligne de chemin de fer, située juste derrière_ Des maisons étaient détruites, ébranlées, les toitures envolées, le tout dans une énorme poussière. La maison de monsieur Massin s’était envolée pour ne laisser qu’un énorme trou à la place. Monsieur, Madame et leur fille furent les premières victimes de la rue_ La maison des voisins fut également détruite, la nôtre fut touchée et nous fûmes obligés de partir. La maison du maréchal-ferrant et la ferme Pluvinage-Saint-Aubert furent elles aussi endommagées.

Article 2

L’Abbé Michel Dhaussy, Curé de Cagnoncles de 1803 à 18431ère partieEmile Pinoy

Michel Dhaussy, qui rayonna sur tout le Diocèse de Cambrai et sur le Cambrésis dès son plus jeune âge, était un homme exceptionnel, doté d’une intelligence hors du commun lui conférant un charisme puissant au service du bien.

Cette intelligence d’élite, servie par un esprit vif et pénétrant le prédestinait à vivre brillam­ment toutes les péripéties rencontrées au cours de son existence dont les premières années sont féeriques.

De nos jours, le zèle dont était animé le Curé du village de Cagnoncles au début du XIXe siècle apparaît, sans doute, excessif mais, cependant, suite au schisme de la Révolution, il fallait bien restaurer les églises dévastées et les consciences en quête de repères.

En fait, il s’agissait d’un projet de « recharge sacrale » élaboré par les Autorités Religieuses Catholiques afin de reconstituer la puissance sacrale des lieux, des objets et des pratiques abandonnées durant la Révolution auxquelles les campagnes rurales restaient très attachées. Cependant, cet homme a laissé dans le village un inoubliable souvenir d’une sagesse légendaire qui a perduré jusqu’à nos jours chez nos anciens.

Lors de l’accueil d’un nouveau Prêtre, nos Maires successifs ne manquaient pas de lui faire part de la renommée de « l’Enfant Sage » leur prestigieux prédécesseur.

Article 3

Clément Emile Debremme, Mort pour la France en 1944Pierre Démaret

Clément Émile Debremme naît le lundi 03 avril 1911 à 17 h 30 à Ramillies-en­Cambrésis. Il est le fils de Théophile Debremme, cultivateur, et de Emilienne Cattiaux, cuisinière, domiciliés à Ramillies, au hameau du Pont d’Erre. Mort pour la France par pendaison, le 04 mars 1944, à rage de 33 ans, au fort de Breendonkl (Belgique).

La famille Debremme : Le père : Théophile Debremme est né le 18 octobre 1886 à Epinoy ; il se marie le 17 mars 1910 à Cagnoncles, et décède le 28 décembre 1954 à Rejet-de­Beaulieu. Le couple Debremme-Cattiaux aura au moins 5 enfants :

–              Clément Emile à Ramillies né le 3 avril 1911

–              Théophile Robert à Cambrai né en 1914

–              Claire Emilienne née à Cambrai en 1921 ?

–              Louise Marie née en 1922 ?

–              Charles né à Epinoy en 1927 ?

Il reçoit la médaille de bronze de la famille française2 (Journal officiel de la République du 9 août 1937, page 9 017).

Article 4

L’éprouvante année 1919Jean-Marc Caudron

On sait dans quel état la première Guerre Mondiale avait laissé Cambrai. Des journalistes, vivement invités par le gouvernement, étaient accourus en ville dès l’ennemi enfui. Ils avaient fait la description apocalyptique de la cité encore fumante, rougeoyante parfois, d’où s’échap­pait la pestilence de la mort.

Quel dur hiver que celui de 1918-19 ! Au ler janvier, la situation est catastrophique. « On meurt de faim à Cambrai » titre I ‘ Echo de Paris du 4 janvier. « Près de huit mille personnes sont aujourd’hui rentrées à Cambrai. Elles vivent dans les bâtisses en ruines, dans les caves, répa­rant par leurs faibles moyens quelque coin de l’habitation familiale. Le froid passe par toutes les ouvertures, on manque d’eau, de lumière ». Quant à l’alimentation, parlons-en ! Les Cam­brésiens sont encore plus mal alimentés que sous l’occupation. Le ravitaillement est très aléa­toire.

Article 5

La dernière chaumière de VertainDaniel Doison

J’ai habité la dernière chaumière de Vertain. Celle-ci était située dans la rue Paul Pavot (anciennement Grand’Rue ou Rue Haute), juste après (en venant du calvaire) l’habitation de M. et Mme Renaut-Houriez (les parents de Marie-Joëlle Bataille). Elle avait été achetée en 1935 par ma grand-mère paternelle Adèle Brasselet, veuve de Henri Doison. Ce grand-père, que je n’ai pas connu, avait été chef cantonnier dans les chemins de fer et il avait été tué, en 1927, à Dampierre, écrasé entre deux wagons qu’il devait accrocher.