Jadis n° 126

Jadis en Cambrésis n° 126 – Mai 2018

Sommaire

127 2018 05 Couverture page 1 : Henri Cation

127 2018 05 Couverture page 2 : Coordonnées et sommaire

127 2018 05 01 01 Éditorial.

127 2018 05 02 02 Cambrai : Jérôme Plumecoq, dit ch’ Fissiau, et l’actualité Jean-Pierre Darras

127 2018 05 03 15 Le Cateau : Un artiste en exploitation des chemins de fer : Albert Sartiaux (1 ère p) Bernard Becquet

127 2018 05 04 28 Cambrai : Une sculpture d’Henri Lagriffoul Denis Leclercq

127 2018 05 05 33 Cambrai : Souvenirs de captivité d’une Cambrésienne pendant la Grande Guerre Tiphaine Hébert.

127 2018 05 06 39 Fontaine-au-Pire : Ma matante Aurélie Françoise Boniface.

127 2018 05 07 43 Jan Van Eyk à Cambrai (5ème partie) Gérard Domise

127 2018 05 Couverture page 3 : Ecole Gambetta – Ruines

127 2018 05 Couverture page 4 : Le Cateau : La rue de Landrecies (Collection Ph. Barbet).

Editorial

Le numéro de printemps s’ouvre sur une belle recherche de M. Jean-Pierre barras, qui étudie depuis longtemps les textes de Henri Carion (1812-1892). Ce journaliste pam­phlétaire, qui écrivait en picard, avait pris pour pseudonyme Jérôme Pleumecoq, dit ch’Fissiau [Jérôme qui plume le coq, (c’est-à-dire Louis-Philippe), dit le putois], pour publier en particulier en 1839 L’Z’Epistoles kaimberlottes, 32 lettres de Cambrai. Les lecteurs de nos jours ont trois difficultés à la compréhension de ces textes pleins d’ironie : le picard, l’ortho­graphe parfois bizarre et surtout les nombreuses allusions à l’actualité, surtout politique, de l’époque. M. Jean-Pierre barras lève pour nous les obstacles, nous permettant d’apprécier plus finement ces pamphlets, d’un régal sans pareil.

M. Bernard Becquet, auteur du remarquable « Cambrai et le chemin de fer, mémoire ferroviaire d’une ville du Nord » (attention, pour ceux qui l’auraient loupé, cet ouvrage, que les Amis du Cam­brésis, ont publié est presque épuisé), s’est penché il y a quelque temps sur Arnoux, un Catésien au service de la science ferroviaire. A présent, il nous fait découvrir un autre ingénieur, toujours dans l’aventure ferroviaire, également Catésien, également injustement oublié, Albert Sartiaux (1845-1921) ! Nous présentons la 1.re partie de ce travail précis et fouillé, qui narre aussi l’évolution technique du chemin de fer et l’effort de mécanisation des gares.

Le point de départ de recherches est parfois bien curieux. Lors d’une visite historique de Cam­brai, avec questionnaire, la sculpture figurant sur l’école Gambetta a suscité bien des interroga­tions : la date, 1954, et un nom, Lagriffoul. Personne dans le groupe de visiteurs n’avait entendu parler de Lagriffoul, certains se demandant même si c’était un pseudonyme… Nous rencontrons M. Denis Leclercq et lui exposons notre perplexité. Réponse immédiate : mais bien sûr, Henri Lagriffoul, tout le monde a eu en main une de ses oeuvres pour faire ses achats, car il est entre autres auteur de pièces de monnaie… Nous avons demandé à M.Denis Leclercq d’enquêter…

Mme Tiphaine Hébert nous propose ensuite un travail autour d’un ensemble de documents donnés dans les années 50 au musée de Cambrai par Mme Berthe Berger et présentés lors de l’exposition « Propagande pendant la grande guerre ». Ces souvenirs de captivité d’une Cambré­sienne sont de plus les seuls objets de la première guerre mondiale présents dans les collections du musée.

Dans les années 80, lors d’une recherche sur le patois de Fontaine-au-Pire, Mme Françoise Boniface avait eu plusieurs conversations avec sa grand-tante Aurélie, et l’avait même enregis­trée. Retrouvant récemment la cassette, elle nous fait découvrir sa Matante, qui raconte l’histoire de son mariage et de son fabuleux voyage de noces à … Cattenières. Un moment savou­reux.

Nous retrouvons avec M. Domise-Pagnen les pérégrinations du grand peintre Van Eyk à Cambrai, venu à l’invitation des autorités ecclésiastiques peindre un cierge pascal. Ce dernier épisode nous fait également rencontrer le grand musicien cambrésien Guillaume bu Faÿ.

2018 est l’année des 40 ans de la création de l’association Les Amis du Cambrésis. Des mani­festations sont prévues (8 expositions, 7 conférences) à l’Hôtel-de-Ville de Cambrai du 5 au 13 mai pour fêter cet anniversaire. Nous vous invitons à consulter notre nouveau site internet, éla­boré avec patience et art depuis 2004 par Pierre Lemaître, pour avoir toutes les informations : http://site.compoz.fr/amisducambresis

Article 1

Jérôme Pleumecoq, dit ch’fissiau et l’actualité.

Jean-Pierre Darras

Henri Carion (1812-1892) fonde à Cambrai un journal, l’Émancipateur. Loyaliste, parti­san de Charles X et de la monarchie absolue, il s’oppose au régime de Louis-Philippe, qui a créé une monarchie constitutionnelle, dite Monarchie de Juillet. Les pamphlets qu’il écrira prendront pour cible les institutions et symboles du régime de Louis-Philippe, le roi citoyen. Le drapeau tricolore, le coq gaulois, emblème de la France. La Révolution de Juillet devient la possédée d’révolution d’Julète, chitraimblemaint d’Julette… Les doctrinaires (à l’origine de la monarchie constitutionnelle) deviennent les tortrinaires. Il raille les juste-milieu (Louis-Philippe se veut centriste). Le roi-citoyen n’est pas épargné car Jérôme Pleumecoq a un cousin juste -milieu, ch’cousin Flippe avare, voleur et méchant qui lui ressemble. Lui-même se rend à plusieurs reprises à Paris, assiste aux séances du parlement, et nous relate ce qu’il voit, entend et vit, ce qui n’est guère flatteur pour le gouvernement.

Article 2

Un artiste en exploitation des chemins de fer- Albert Sartiaux, 1ère partie

Bernard Becquet

Des anciennes personnalités natives du Cateau, au moins deux d’entre elles ont eu comme point commun le chemin de fer. Le portrait du premier de ces hommes a été présenté il y a peu dans cette revue. Le second, que nous allons ici découvrir, demeure encore très méconnu du grand public. Car seuls quelques ingénieurs de la Compagnie des Chemins de fer du Nord qui ont marqué l’aventure ferroviaire française sont restés dans l’histoire, tels Petiet, Javary ou encore Dautry, pour les plus célèbres. Mais il manquait un nom à cette liste. Injustement oublié en France comme dans sa région na­tale, il méritait d’être reconnu.

Article 3

A l’école Gambetta de Cambrai, une sculpture d’Henri Lagriffoul

Denis Leclercq

Avec la collaboration de Clotilde Herbert

Le point de départ de recherches est parfois bien curieux. Lors d’une visite historique de Cambrai organisée par Mikaël Bougenières, archiviste, responsable des archives municipales de Cambrai, avec questionnaire, la sculpture figurant sur l’école Gambetta a suscité bien des interrogations : la date, 1954, et un nom, Lagriffoul.

Personne dans le groupe de visiteurs n’avait entendu parler de Lagriffoul, certains se de­mandant même si c’était un pseudonyme…

Nous rencontrons M. Denis Leclercq et lui exposons notre perplexité. Réponse immédiate : mais bien sûr, Henri Lagriffoul, tout le monde a eu en main une de ses œuvres pour faire ses achats, car il est entre autres auteur de pièces de monnaie ! Nous avons demandé à M.Leclercq – qui a été en classe à l’école Gambetta – d’enquêter…

Article 4

Souvenirs de captivité d’une Cambrésienne pendant la Grande Guerre

Tiphaine Hébert

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ne Cambrésienne, Mme Berthe Berger, née Gagneur, résidant dans les années 1950 au 24 rue des Anglaises à Cambrai, a confié, le 22 août 1958, ses sou­venirs de guerre (dessins, photographies, cartes postales, brassards de la croix rouge) au musée de Cambrai. La pochette de don porte l’inscription « Condamnée à 10 ans de réclusion et emprisonnée du 25 décembre 1916 au 25 octobre 1918 ». Quelques-uns de ces documents touchants, seuls objets de la Première Guerre mondiale dans nos collections, sont présentés en parallèle à l’exposition « Propagande pendant la Grande Guerre ».

Article 5

Ma Matante Aurélie

Françoise Boniface

Dans les années 80, à l’occasion d’une recherche sur le patois de Fontaine, j’avais eu plusieurs conversations sur le sujet avec ma grand-tante, Aurélie. Agée d’environ 85 ans à cette époque, elle était la dernière de la famille et qui mieux qu’elle, née et ayant vécu toute sa vie à Fontaine, aurait pu témoigner sur le patois de notre village ? Cette fois-là, la seule malheureusement, j’avais jugé plus commode de l’enregistrer. Puis, la recherche terminée, la cassette fut rangée et oubliée_ Pendant de longues années. Jusqu’à ce qu’elle décide de réapparaître. Et j’ai retrouvé ma ma tante, l’histoire de son mariage et de son fabuleux voyage de noces à Cattenières… que j’ai eu envie de faire partager en espérant que cela vous fasse rire autant que j’ai ri moi-même.

Bien sûr, il manque sa voix : « comme un qu’mM ». Ma tante Aurélie, c’était un sacré personnage. Elle est partie, depuis longtemps maintenant, dans les pays de l’autre côté. De sa vie, qui aurait été digne d’un de ces romans qu’elle dévorait, il reste, heureusement, quelques petites histoires_

Allez, Ma tante, vas-y, raconte…

Article 6

Jan Van Eyk à Cambrai

5ème partie : Guillaume du Faÿ

Gérard Domise-Pagnen

La fleur tombe : C’était la veille de l’Ascension. Les vêpres venaient de finir, mais il y avait encore beaucoup de fidèles dans la cathédrale à l’entour des confessionnaux, et quelques personnes dans le chœur. Elles regardaient le cierge pascal près de finir. Les miniatures de Van Eyk étaient à demi consommées, et l’on déplorait que la longueur du cierge eût été calculée trop chichement

  • Si on l’eût fait d’un demi pied plus haut, disait un maître cirier, la base eût été conservée, ef fon aurait gardé ce chef-d’œuvre
  • Heureusement que messire fursy en possède une copie aussi belle que l’original et peinte sur un panneau de chêne que j’ai façonné moi-même, dit Quentin du Tilloy, syndic de la corporation des questiers, ou menuisiers. C’est du chêne coupé au bois de Bourlon il y a plus de trois ans, et qui ne se fendra jamais, j’en réponds.
  • Nous aurons demain une belle grand-messe, disait une bourgeoise en sortant de l’église, une messe en musique composée par messire du Fay Mon fils Pierre doit y chanter. Ce sera très beau. Messire Guillaume est un habile homme.