Jadis n° 143

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143 2024 05 Couverture 1 – Jeanne Machut et ses élèves à Fénelon – Coll. Philippe Barbet

143 2024 05 Couverture 2 – Coordonnées des Amis du Cambrésis – Sommaire du numéro 142

143 2024 05 01 02 – A la mémoire du Général Frère (1ère partie) – Pierre Pavy.

143 2024 05 02 12 – Jeanne Machut, victime civile du bombardement de Cambrai du jeudi 27 avril 1944 – Maurice Anscutter et Philippe Barbet.

143 2024 05 03 22 – Le Cateau : Le cimetière international (3ème partie) – Pierre Démaret.

143 2024 05 04 33 – La dernière mission du lieutenant André Stiquel – Olivier Geoffroy

143 2024 05 05 45 – Epistole ed’ Martine in route ach’marché à Kaimbré – Clotilde Herbert.

143 2024 05 06 48 – Cambrai : Le Marché Couvert.

143 2024 05 Couverture 3 – Le lieutenant-aviateur André Stiquel – Source SHD Vincennes.

143 2024 05 Couverture 4 : Vue partielle du cimetière allemand – Photo Philippe Barbet.

Notre numéro de printemps présente, c’est un peu le hasard des recherches, des récits autour des deux conflits mondiaux.

M. Pierre Pavy s’est intéressé au Général Aubert Frère, lui rendant hommage au moment de l’anniversaire de son décès, le 13 juin 1944, au camp de concentration de Natzweiler-Struthof. Le Général Frère a vécu à Cambrai, a été affecté deux fois au 1″ Régiment d’Infanterie. Une rue de Cambrai porte son nom. Dans cette première partie, nous suivons sa formation, ses premiers engagements dans les Spahis, son affectation à Cambrai en 1913 où il dirige la 8e Compagnie du 1″ R.I. La Première Guerre mondiale le voit s’engager dans les batailles et recevoir de graves blessures. Il revient comme chef de corps du 1″ R.I. à Cambrai, de 1919 à 1924. Il dirige ensuite l’école des chars de combat à Versailles puis l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Après des affectations à Nancy et Rouen, il voit la Seconde Guerre arriver.

Les témoignages recueillis par MM. Maurice Anscutter et Philippe Barbet nous permettent de connaître la vie et le destin de Jeanne Machut, victime civile du bombardement de Cambrai du jeudi 27 avril 1944. Lors de ce bombardement, qui visait le secteur de la gare mais a surtout touché le quartier Victor-Hugo, une jeune femme originaire de Saint-Aubert, institutrice, dont le mari est prisonnier de guerre, trouve la mort dans des circonstances dramatiques, rue du Hainaut à Cambrai. Son frère flué, Fernand Machut, relate les terribles journées de l’agonie de sa sœur, et l’organisation des secours, dans un récit poignant.

M. Olivier Geoffroy s’est attaché à la figure d’un pilote français, le Lieutenant André Stiquel, abattu le 26 mai 1940 dans les marais d’Etaing à Sailly-en-Ostrevent. De nombreux éléments concernant le Lt Stiquel (1910-1940) ont pu être exploités grâce à la récente arrivée au Labo-Cambrai de la donation Michel et Gisèle Bacquet par leur fils. Michel Bacquet est une figure bien connue des historiens de Cambrai, notamment pour son ouvrage Les Aigles de Cambrai. Ses documents concernent les deux guerres mondiales à Cambrai et dans le Cambrésis, et spécialement l’aviation. M. Geoffroy retrace les circonstances du décès du Lt Stiquel, abattu semble-t-il par Ostermann, futur As allemand. Il souligne le rôle joué par Mme Germaine l’Herbier-Montagnon et son équipe d’IPSA pour retrouver l’épave. Le Lt Stiquel sera exhumé le 18 juin 1942 et Michel Bacquet organisera une commémoration le 22 juin 1982.

M. Pierre Démaret poursuit l’histoire curieuse du cimetière international de Le Coteau, histoire qui commence tôt durant la Première Guerre. Il avait d’abord évoqué dans les précédents numéros les monuments commémoratifs allemands, puis la réquisition des terrains pour créer un cimetière qui abriterait les morts britanniques et allemands de la Bataille du Cateau du 26 août 1914, cimetière d’honneur inauguré le 26 août 1916. Il détaille à présent le projet de 1923: avec l’aval des autorités françaises et allemandes, la municipalité du Cateau décide d’agrandir le cimetière pour pouvoir y mettre les nouveaux corps provenant des nombreux cimetières provisoires.

Mme Clotilde Herbert nous donne une nouvelle Epistole de Martine à Martin, intitulée Martine in route ach’marché à Kaimbré. Nous en profitons pour retracer l’histoire du marché couvert de Cambrai, avec sa construction de 1958 à 1960, symbole de la Seconde Reconstruction de Cambrai, et prouesse technique, édifice salué comme novateur du point de vue architectural.

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Article 1

Jeunesse et études (1881 – 1902) : Je m’appelle Aubert Achille Jules Frère. Je suis né le 21 août 1881 à Grévillers, petite commune du Pas-de-Calais qui a vu se dérouler sur son sol la bataille de Bapaume’ en janvier 1871 et où s’est illustré le Général Faidherbe.

Je suis le 6ème d’une famille de onze enfants. Mon père, Ghislain François Joseph Frère (1850­1934) est un propriétaire terrien exploitant son domaine et maire de la commune. Ma mère est Juliette Cécilia Ruffine Walle (1853-1926).

Après une scolarité à l’école communale de Grévillers, me voici au collège Saint-Jean-Baptiste de Bapaume (1891-1896), puis au collège Saint-Bertin de St-Omer pour mes études secon­daires. J’entre ensuite à Corniche’ au collège des Jésuites de la rue des Postes, à Paris, pour …

Article 2

Jeudi 27 avril 1944, il est 18 heures 30, c’est la fin d’un bel après-midi et soudain la mort venue du ciel s’abat sur Cambrai. Au cours de ce bombardement, une jeune femme originaire de Saint-Aubert’, Madame Jeanne Machut dont le mari est prisonnier de guerre, trouve la mort dons des circonstances dramatiques. Son frère aîné, Fernand Machut, relate ces terribles journées dans un récit poignant.

Les années ont passé mais le souvenir de ces malheureuses victimes civiles reste intact et leur nom gravé sur le monument aux morts nous rappelle combien ont été doulou­reuses ces journées pour plusieurs familles aubertoises. Mais laissons parler Fernand Machut. …

Article 3

Avec l’aval des autorités françaises et allemandes, la municipalité du Cateau décide alors d’agrandir le cimetière pour pouvoir y mettre les nouveaux corps provenant des nombreux cimetières provisoires.

Liste des propriétaires

1. Besin-Cousin, les héritiers, à Lagny (Seine-et-Marne)

2. Vinchon-Bailleux Edouard, fondeur, rue St-Lazare au Cateau

3. Wauters-Morcrette Adolphe, rentier au Cateau

4. Danjou-Wanègue Fénelon, cultivateur au Cateau

5. Parent-Hiolin Jean Baptiste, cultivateur au Cateau

6. Dormoy-belvallée Anselme, au Cateau

7. Partie vendue à l’Etat civil militaire en octobre 1923
Bornes plantées par M. Ballin, géomètre expert, le 7 décembre 1939

Article 4

Né le 15 octobre 1910 dans le Gard, décédé dans l’épave de son avion Curtiss H75 codé 106 le 26 mai 1940 dans les marais d’Etaing à Sailly-en-Ostrevent (Pas-de-Calais) ;

Je mets ici en lumière la vie et le décès de ce pilote français suite aux recherches que j’ai effectuées en fouillant dans les archives du Labo, centre culturel de Cambrai. En effet, les documents trouvés font partie du fonds Michel et Gisèle Bacquet, Michel étant l’auteur du livre «Les Aigles de Cambrai » paru en 1979 et retraçant le parcours du GC 111/2. Je remercie d’ailleurs chaudement les agents du Labo et plus particulièrement ceux du Service des Collections Patrimoniales pour leur aimable concours et également la famille Bacquet pour avoir transmis toutes les archives de l’auteur du fonds : archives devenues publiques, maintenant à la disposition de tous.

Article 5

Martine in route ach’marché à Kaimbré

Mi j’ai ker acater des bonnes saquos à mier ach’marché à Kaimbré. Ch’est l’sin.mdi au prin.me ki n’a l’plus d’mon.ne, vindeux et pis acateux. Te n’n’ a d’deux sortes : chés ti qui vin.nent des loques et chés ti qui vin.nent à mier.

Adon tout i étot su cheulle grind’plache, ein tiot peu place au bois.

Chés f in.mes qu’al vivotent dins chés forbous al v’notent aveuc leu car brouté pa leu baudet pou vin.ne el verdure ed’leus gar­dins. Min taïon   m’a racoté tout cha, j’vos l’dirai l’smon.ne qu’al vient.

Martine en route pour le marché de Cambrai

Moi j’aime acheter de bonnes choses à man­ger au marché à Cambrai. C’est le samedi de bon matin qu’il y a le plus de monde, vendeurs et acheteurs. Tu en as de deux sortes : ceux qui vendent des vêtements et ceux qui ven­dent à manger.

Autrefois tout était sur la grand’place, un petit peu place au bois.

Les femmes qui vivaient dans les faubourgs venaient avec leur carriole tirée par leur baudet pour vendre les légumes de leurs jar­dins. Mon arrière-grand-père m’a raconté tout cela, je vous le dirai la semaine pro­chaine.

Article 6

En centre-ville, sur l’ancienne place au Bois, devenue place du Marché après la Seconde Guerre mondiale, puis place Robert Leroy, le marché couvert est le symbole de la seconde Recons­truction de Cambrai entre 1945 et 1960. Par l’usage d’un vocabulaire architectural moderne et l’expression brute du béton armé en façade, il s’oppose au langage de l’architecture régio­naliste et Art Déco de la première Reconstruction.