Date de sortie : 15 mai 2023 au prix de 6,00€
Jadis en Cambrésis N° 140 – Mai 2023
Sommaire
140 2023 05 Couverture 1 : Caricature « Blériot », Mich. Carte postale, vers 1920, provenant de la collection : Musée des arts et métiers.
140 2023 04 Couverture 2 : Coordonnées des Amis du Cambrésis – Sommaire
140 2023 05 00 page 1 : Éditorial.
140 2023 05 01 page 2 : 12 – 13 juin 1910: Cambrai accueille Louis Blériot, Pierre Lemaître.
140 2023 05 02 page 8 : Le Cateau – Bohain : les établissements Flaba-Thomas et Delahaye (1869 — 1949), Pierre Démaret.
140 2023 05 03 page 18 : Les Archives municipales de Cambrai en temps de guerre, Mikaël Bougenières.
140 2023 05 04 page 24 : Expressions patoisantes de Fontaine-au‑Pire : la nourriture, Françoise Boniface.
140 2023 05 05 page 30 : Vertain : Les soldats de la 1ère République et de l’Empire, Pierre-André Logez et Daniel Doison.
140 2023 05 06 page 48 : Infanticide(s) à Viesly, Gérard Domise‑Pagnen.
140 2023 05 Couverture 3 : Blériot et sa famille en 1909 (Collection Julien Lesnes).
140 2023 05 Couverture 4 : Publicité des Etablissements Delahaye en 1913 d’après Benjamin Rabier.
Editorial
En ouverture de ce numéro de printemps, nous nous intéressons, grâce à M. Pierre Lemaître, au détail des deux jours de réception à Cambrai, les 12 et 13 juin 1910, du héros vainqueur de la première traversée de la Manche en avion, le Cambrésien Louis Blériot. Affiches, programmes, annonces de prix réduits par le chemin de fer… un programme chargé et minuté !
M. Pierre Démaret s’était penché dans notre numéro précédent sur l’entreprise Flaba Thomas de Le Cateau, au service de l’agriculture. Toujours dans cette ligne, il étudie à présent l’entreprise Delahaye de Bohain, débutée en 1869. La crise de 1929 amène au regroupement d’entreprises, Flaba-Thomas se marie avec la société Delahaye de Bohain et prend le nom de Flaba-Thomas-Delahaye et Belgica. Les ateliers de Le Cateau ne vont pas tarder à fermer au profit de ceux de Bohain mais la société périclite, malgré différents rachats après la seconde guerre.
En poste depuis plusieurs années, M. Mikaël Bougenières, archiviste municipal, a maintenant réuni de nombreux éléments qui lui permettent d’écrire l’histoire des archives municipales de Cambrai durant la Première Guerre mondiale, et bien sûr celle des archivistes. Malgré les efforts pour abriter en différents endroits les documents (caves du bureau de bienfaisance pour les archives de ce service, celles des hospices, de la Recette municipale, des percepteurs, des notaires, du service des douanes et des hypothèques ; caves du musée pour les archives de la Chambre de commerce, des tribunaux, de la sous-préfecture, des commerçants et industriels ; caves de l’hôtel de ville pour les archives municipales), on sait que les Allemands ont utilisé de nombreuses caisses remplies de documents, stockées au sous-sol de la mairie, pour incendier l’édifice. D’où la disparition presque complète des archives de la ville, dont on possède tout de même le précieux et précis inventaire !
Le patois n’est pas oublié avec un inventaire, par Mme Françoise Boniface, des expressions de Fontaine-au-Pire concernant la nourriture, mises en situation : faim, appétit, gaspillage, repas, aliments de base, produits du jardin, viandes, desserts… tout y passe et c’est un régal de lecture !
Grâce à MM. Doison et Logez, nous nous intéressons à un pan extrêmement méconnu de notre histoire : les soldats de la lère République et de l’Empire, originaires de Vertain, ayant servi de 1792 à 1815, aux destinées si diverses : maladies, abandons, décès… Nombreux ont été ceux qui ne sont pas revenus et ont perdu la vie dans un pays d’Europe ou aux Antilles.
Fait-divers et drame de la misère sans doute, comme le 19è » siècle en a connu beaucoup : un sextuple infanticide à Viesly en 1885 nous est relaté par M. Gérard Domise-Pagnen.
Nous vous souhaitons une agréable lecture…
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Article 1
12 et 13 juin 1910… Cambrai accueille Louis Blériot
1ère partie
Pierre Lemaître
Louis Blériot est devenu célèbre pour avoir, le dimanche 25 juillet 1909, réussi la traversée d’un bras de mer en aéroplane pour la première fois. Dans le contexte de l’époque cet événement a été considéré comme un très grand exploit. En effet, sur un petit aéroplane bien fragile, en bois et toile, mu par un moteur de 25CV seulement, il paraissait impensable de tenter une traversée maritime, eu égard aux risques courus. Une panne, un coup de vent intempestif, le manque de visibilité, une mauvaise manœuvre pouvaient entraîner une chute de l’appareil et la disparition du pilote, même si un bateau (l’Escopette) avait été prévu pour tenter un sauvetage.
Né à Cambrai, en 1872, rue de l’Arbre-à-Poires (actuelle Rue Sadi Carnot), Louis Blériot a vécu son enfance dans l’hôtel de Simencourt et a été scolarisé au Collège Notre-Dame qui était alors érigé rue Saint-Fiacre (caserne des pompiers – en face du Labo). Il y suivra ses études de 1878 à 1888. Le bâtiment était situé intra-muros avant le démantèlement qui a eu lieu à la fin du XIXème siècle. Cette dernière opération a permis l’expansion de l’agglomération cambrésienne, rassemblant ainsi le cœur de la ville et ses faubourgs. La démolition, engagée par Paul Bersez, maire de Cambrai, a engendré des espaces à construire que l’archevêque, Mgr Sonnois, s’empressa d’exploiter car le bâtiment de la rue Saint Fiacre devenait trop exigu pour accueillir un nombre croissant d’élèves.
Article 2
Deux entreprises … au service de l’Agriculture
Deuxième partie : Bohain
Pierre Demaret
Delahaye
1869 – 1949
La concurrence dans la région est rude puisqu’en 1908 les établissements Delahaye, à Bohain, revendiquent être la plus importante fabrique du monde pour les charrues brabant, avec une production de 3 500 exemplaires, et se ventent d’avoir reçu une pluie de 288 médailles, 27 diplômes d’honneur, 14 objets d’art et un grand prix à l’exposition de Madrid de 1907 ! Et, cerise sur le gâteau, pour l’année, M. Albert Delahaye fait vérifier, par huissier, que sa production a été de 5 426 brabants et charrues ! Excusez du peu.
Article 3
Les Archives Municipales de Cambrai en temps de guerre
Mikaél Bougenières
Une recherche historique n’est jamais terminée. On ne peut jamais considérer qu’un sujet de recherche soit clos. On finit toujours par retrouver des éléments qui viennent compléter, corroborer ou même réparer des erreurs commises. L’historien est parfois amené à émettre des hypothèses parce qu’il manque d’informations au moment de réaliser son étude. Soit parce que les sources ont disparu à la suite de pertes et de destructions, soit parce que les sources ne sont pas connues par manque de classement et d’inventaire, ou bien encore parce qu’elles ne sont pas accessibles pour des raisons de délais de communicabilité.
Lorsque je me suis intéressé à l’histoire des archives municipales de Cambrai en 2009, l’année de ma prise de fonction, je n’avais pas toutes les cartes en main. Les archives n’étant ni classées ni inventoriées, j’allais forcément passer à côté d’informations capitales pour mon étude. J’avais retracé, sans trop de difficulté, l’histoire des fonds
Article 4
Le parler de Fontaine-au-Pire – Expressions patoisantes
Françoise Boniface
La nourriture
Manger pour vivre ? Vivre pour manger ? Pour nos grands-parents, le choix était vite fait. A « l’fabrique », dans « chés camps », les ouvriers, les censiers, les artisans, avec quelque dix heures d’un travail physique harassant, sans oublier les temps d’intenses privations, voire de disette, dues aux guerres (trois en moins d’un siècle) et aux périodes de chômage ou de grèves, manger était tout simplement vivre, sinon survivre. Les maigres salaires ne permettaient certainement pas de faire bombance au quotidien et ne pas avoir faim était déjà un grand luxe, apprécié à sa juste valeur.
Il est alors facile de comprendre la place de choix que tenait la nourriture dans la vie quotidienne de nos ancêtres. Manger (mier, boulotter) est assurément un des plaisirs de la vie, surtout quand ceux-ci sont assez limités. Après une dure semaine de travail, quand le peu de loisirs restant est occupé par les soins donnés à ch’courtil (le iardin) ou à l’élevage des
Vertain…
Article 5
Les soldats de la lère République et de l’Empire – 1792 – 1815
1 ère partie
Daniel Doison
Docteur Pierre-André Logez
Aucun document municipal ne rappelle leur sacrifice. Pourtant, la plupart mériteraient que leurs noms soient inscrits sur le monument aux morts du village.
En feuilletant dans les Archives Départementales à Lille – il y a une trentaine d’années j’avais découvert dans le répertoire Bruchet, tome 1, série L, au numéro 4460, dix-sept actes de décès de défenseurs de la République et de l’Empire originaires de Vertain. J’avais recopié ces actes et je les avais gardés.
A l’occasion de la commémoration du bicentenaire du décès de Napoléon Bonaparte, j’ai pensé qu’il serait judicieux de ne pas oublier les militaires qui ont combattu, quelquefois contre leur gré, pendant cette période de conflits continuels, ceux qui ne sont pas revenus et ont perdu la vie dans un pays d’Europe ou aux Antilles, ce que vous pourrez constater dans ce récit.
J’ai parlé de mon projet au docteur Pierre-André Logez, membre, comme moi, de l’association pour l’étude et la préservation du patrimoine de Solesmes. Celui-ci a été très intéressé et m’a aidé à compléter mes trouvailles. Grâce à Internet, il a même retrouvé la trace de 24 autres militaires. Je l’en remercie vivement et je vous laisse découvrir le fruit de nos recherches.
Article 6
Sextuple Infanticide à Viesly
Gérard DOMISE-PAGNEN
CAMBRAI, 1″ juin. – La femme d’un sieur Cartigny, de Viesly, avait mis au monde, il y a quelques jours, un enfant qui avait disparu presque immédiatement. La rumeur publique accusa aussitôt le père, un individu assez mal famé, d’avoir supprimé cet enfant. Cartigny, arrêté samedi, a fait des aveux complets et a indiqué l’endroit où il avait enterré son enfant. Il a dit pour excuses que l’enfant était mort en venant au monde et que lui était trop pauvre pour faire faire un cercueil. L’enquête dira s’ il y a infanticide ou si c’est un drame de la misère.