Jadis n° 130

Jadis n° 130 – Septembre 2019

Sommaire

Couverture page 1 : Noyelles-sur-Escaut : Saint Donat, fresque d’Emile Flamant (Photo Ph. Barbet).

Couverture page 2 : Coordonnées de l’association – Sommaire

130 2019 09 00 : Éditorial.

130 2019 09 01 page 02 : La rafle de Bazuel et la tragédie du train de Loos, par Anne-Marie Bouvart.

130 2019 09 02 page 20 : La reconstruction des églises après la première guerre mondiale dans le Cambrésis (2ème partie), par Annie Lefebvre.

130 2019 09 03 page 29 : L’Esprit Delloye, par Lucie Jacquin.

130 2019 09 04 page 39 : Il y a 100 ans, le curé d’Estourmel correspondait avec la mère d’un des pilotes de la R.A.F. abattu à Estourmel, par André Dro­mard.

130 2019 09 05 page 46 : Cambrai, 1911 : Manuel des Agents de police : Accidents et fléaux calamiteux.

Couverture page 3 : Bon d’abonnement – Participation à l’association

Couverture page 4 : Rumilly : Choeur de l’église : proces­sion en hommage à la Vierge, oeuvre de Lucien Jonas (Photo Ph. Barbet).

Editorial

Notre numéro de septembre s’ouvre sur un épisode douloureux de la seconde guerre mondiale, qui s’est déroulé voici soixante-quinze ans : la rafle de Bazuel et la tragédie du Train de Loos. Mme Anne-Marie Bouvart nous explique comment et pourquoi 11 per­sonnes – de Bazuel, de Catillon et du Coteau, et, parmi elles, son oncle, Louis Bouvart – ont été prises dans une rafle le 24 août 1944. Suivront l’emprisonnement à Loos, le long transport dans des conditions épouvantables vers l’Allemagne, le « séjour » en camp. Au printemps 1945 les Al­lemands évacuent les camps, ce sont les « marches de la mort » où de nombreux prisonniers pé­rissent de faim, de soif et de maladie. Le bilan est très lourd : deux seulement reviendront.

Nous poursuivons la publication du travail de Mme Annie Lefebvre, que beaucoup ont appréciée comme guide conférencière. Sa recherche sur les églises de la reconstruction du Cambrésis, ces églises qui avaient été détruites lors de la première guerre mondiale, s’ouvrait (Jadis en Cambrésis n° 129) sur le contexte historique et artistique. Pour l’architecture, où de nouveaux matériaux sont utilisés, des communes choisissent de garder le style d’avant-guerre, nous le voyons ici avec les exemples de Rumilly, Noyelles-sur-Escaut et Ribécourt-la-Tour. Nous ver­rons ensuite, dans le Jadis n° 131, les communes qui adopteront un style plus avant-gardiste. Un très beau travail, qui nous permet de porter notre attention sur des édifices que l’on penserait à première vue sans intérêt car récents.

L’Esprit Delloye nous permet d’expliquer et de mettre en valeur un travail de bénédictin au ser­vice de tous les chercheurs et des érudits locaux. Dans la perspective de l’installation au Labo, le Service des Collections Patrimoniales de la Médiathèque de Cambrai s’est lancé dans un vaste chantier d’inventaire de ses collections, pour une mise en ligne. C’est ainsi que Lucie Jacquin a été recrutée pour faire l’inventaire pièce à pièce des liasses du fonds Delloye, collection énorme et capitale pour la connaissance de l’histoire de Cambrai et du Cambrésis. A présent que ce chan­tier est terminé, elle nous présente son travail et nous détaille quelques documents qu’elle a sé­lectionnés, témoins importants de la mémoire de Cambrai, exemples de Cambrai en fête, docu­ments d’exception, coups de cœur. Et pour faire suite à ce beau travail de ma collègue du Labo, je retracerai dans le prochain numéro la vie d’Ernest Delloye (1844-1898), journaliste, collection­neur et très grand donateur.

Dans le cimetière d’Estourmel, au pied du clocher de l’église paroissiale, reposent deux pilotes de la R.A.F. abattus sur le territoire de la commune, George William Hall et Laurence Grant Bo­wen. La mère de ce dernier a correspondu avec l’abbé Buissé, curé d’Estourmel à ce moment, ainsi que nous le détaille M. André Dromard. Il nous retrace la vie de ce prêtre qui a beaucoup marqué le village et a laissé des écrits, et il transcrit la correspondance entre Mme Bowen et l’abbé. Un témoignage fort émouvant.

Nous terminons avec un chapitre du Manuel des agents de police de Cambrai de 1911, consa­cré aux accidents et fléaux calamiteux : sont détaillés les gestes préconisés à l’époque lors des incendies, en présence d’asphyxiés, de noyés…pas toujours rassurant !

Nous souhaitons à nos lectrices et lecteurs de bonnes découvertes au fil de ce numéro.

Clotilde Herbert

Il y a 75 ans, le 24 août 1944… La rafle de Baal et la tragédie du train de Loos Anne-Marie Bouvart

C’est à quelques jours de la libération que notre village a été le théâtre d’évènements drama­tiques qui ont endeuillé plusieurs familles de la commune, à l’heure où tous pensaient être bientôt délivrés de l’occupant allemand : le jeudi 24 août 1944, à l’aube, les Allemands enva­hissent le village de Bazuel et procèdent à une rafle au cours de laquelle ils vont arrêter 11 personnes, dont quelques-unes sont originaires du Cateau et de Cotillon. Parmi ces onze per­sonnes se trouve mon oncle, Louis Bouvart.

Remettons-nous dans le contexte de l’époque. La répression allemande s’était intensifiée considérablement au cours de l’été 44 : il y avait eu cet attentat raté contre Hitler le 20 juillet 1944, visant à renverser le pouvoir nazi ; il s’ensuit une répression terrible qui va avoir des répercussions jusque Bruxelles car il ne faut pas oublier que notre région dépendait du haut commandement de Bruxelles. La Police allemande prend alors des mesures lourdes de conséquences : elle annonce clairement que « toute action de résistance aura pour consé­quence des arrestations d’otages et leur déportation en Allemagne ».

De plus, les Allemands sont sur les dents depuis le débarquement en Normandie et, malgré la force de leur armée, ils sentent qu’ils vont perdre la guerre, ils n’ont plus rien à perdre et sèment la terreur sur leur passage, on pense notamment à Oradour ou ici, près de chez nous, au Gard d’Etreuxi…

La reconstruction des églises après la 1ère Guerre Mondiale dans le Cambrésis 2ème  partie, Annie Lefebvre

Quelques exemples d’architecture plus conventionnelle dans le Cambrésis

Rumilly

L’église Saint-Nicolas a été réalisée en 1927 par l’architecte Georges Aye. Elle est recons­truite dans le même esprit qu’avant-guerre, cependant le béton est dissimulé sous la brique de parement. Son clocher porche rappelle celui des églises fortifiées. de style néo-roman, la nef, large et spacieuse, s’ouvre sur un chœur en cul de four. L’éclairage se fait par les bas-côtés à la manière des églises halles. A l’origine, le chœur de cette église était dépourvu de décor. Cette nudité, par trop dérangeante, est remplacée dix ans plus tard grâce à la réali­sation de toiles marouflées exécutées par le peintre Lucien Jonas.

Noyelles-sur-Escaut …

L’esprit Delloye

Lucien Jacquin

Cet article est signé par une jeune bourguignonne très reconnaissante de la confiance qu’on lui a accordée pour l’inventaire de cette collection et qui souhaite partager cette expérience avec vous.

En arrivant à Cambrai en octobre 2017, je ne connaissais, pour ainsi dire, rien de cette ville si ce n’est ses fameuses bêtises ou la légendaire hospitalité des gens du Nord.

Employée par la communauté d’agglomération de Cambrai dans le cadre d’une subvention ac­cordée pour l’appel à projet autour du patrimoine écrit’, j’ai été chargée, pendant près de trois ans, d’élaborer de nombreux inventaires de collections d’archives et de manuscrits conservées à Cambrai, dans le but de les rendre plus visibles et plus accessibles.

C’est donc en tant que chargée d’inventaires au sein du service des collections patrimoniales du LABO, et plus particulièrement en explorant de fonds en comble la collection Delloye, que j’ai appris à mieux connaître cette ville et cette région. Et quelle belle manière de découvrir une ville que de passer par les petites portes de l’histoire, ouvertes à tout curieux, dissimulées dans la collection d’Ernest Delloye (1844-1898).

J’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour ces gens, qui, jour après jour, mettent leur pa­tience et leur érudition au profit de l’histoire et Ernest Delloye, tout comme son confrère et ami Victor belattre2, à qui il doit une grande partie de sa collection, font indubitablement partie de ces gens.

Il y a 100 ans… Le curé d’Estourmel correspondait avec la mère d’un des pilotes de la R.A.F. abattu à Estourmel

André Dromard

Dans le cimetière d’Estourmel au pied du clocher de l’église paroissiale, reposent deux soldats alliés abattus sur le territoire de la commune. Leurs tombes sont discrètes, sobres et soignées, aucune commune mesure avec les immenses nécropoles telles que Notre-Dame de Lorette, ni même avec les cimetières anglais des villages environnants. Les deux tombes portent les inscriptions suivantes dans quelles circonstances ont-ils été abattus ? S’agissait-il de pilotes communément surnommés « loups solitaires » comme le célèbre Bischop ?… Il n’en est rien. Ce sont des concours de circonstances qui les ont amenés à périr à l’écart de leur unité.

George William Hall : Originaire de Shelbourne, province de l’Ontario entre Toronto et Ottawa, il faisait partie de la première génération de pilotes canadiens. En novembre 1917, les alliés envisagent une contre-attaque aérienne afin de neutraliser les aérodromes allemands de Carnières, Boistrancourt et Caudry. Le 20 novembre, les conditions atmosphériques sont détestables, la visibilité est nulle. Les avions dispersés essaient de regagner leurs bases. C’était le premier jour de la Bataille de Cambrai. Hall quitte l’aérodrome de Warloy, près d’Albert, à 6 heures 55, pour un raid sur l’aérodrome de Boistrancourt. C’est alors qu’il croise, …

Ville de Cambrai 1911

Manuel des Agents de Police – Accidents et fléaux calamiteux – Accidents :

Accidents occasionnés aux personnes par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou inobservation des règlements (Code pénal, articles 319 et 320).

Occasionnés aux animaux ou bestiaux appartenant à autrui par l’effet de la divagation de fous furieux, d’animaux malfaisants ou féroces ; par la rapidité, la mauvaise direction, le chargement excessif des voitures, chevaux, bêtes de trait, de charge ou de monture (Code pénal, article 479, § 2).

Individu qui, le pouvant, a refusé ou négligé de faire les travaux, le service ou de prêter le secours dont il a été requis en cas d’accident (Code pénal, article 475, § 12).

Fléaux calamiteux :