Jadis en Cambrésis n° 124
Editorial
Notre numéro d’automne s’ouvre sur une grande recherche de Pierre Lemaitre : le recensement des aérodromes du Cambrésis pendant la Première Guerre. De nombreuses communes ont accueilli un aérodrome à cette période dans l’arrondissement de Cambrai, augmenté de quelques villages qui ont eu une influence sur le Cambrésis. Notre petit pays était en effet une zone privilégiée du conflit ; son relief est peu accidenté ; on note la présence de nombreux bosquets ; le réseau routier et ferré était assez dense ; accessoirement aidait la présence de « châteaux ». Les appareils, au départ d’observation, deviennent peu à peu des avions de chasse. Les aérodromes sont généralement sommaires et d’utilisation courte. Ce premier travail ouvre la voie à d’autres, qui seront bien sûr publiés dans nos colonnes.
Transportons-nous ensuite à Le Cateau, à la fin du XVIIIe siècle. Nous allons à la découverte tout-à-fait insolite de l’itinéraire d’Hector de Zevallos, un enfant du Cateau parti faire fortune en Guadeloupe ! Thierry Lengrand, dans cette recherche qui fut compliquée à mener, nous narre la vie quotidienne dans une plantation de canne à sucre, et nous livre les détails de la maison coloniale… qui serait hantée !
Toujours à Le Cateau, Pierre bémaret nous détaille la vie du Commandant Richez (18881944), dont l’ancienne Place Thiers porte à présent le nom. bans cette première partie, nous apprenons son implication pendant la Première Guerre, où ses états de service lui vaudront d’être décoré de la Croix de Guerre et d’être fait Chevalier de la Légion d’Honneur. Nous verrons plus tard son parcours de résistant pendant la Seconde Guerre mondiale.
Nous poursuivons, grâce à Gérard bomise-Pagnen, la lecture des pérégrinations du peintre Jan Van Eyk, venu à Cambrai à la demande de l’évêque pour peindre le cierge pascal. bans la 3e partie de ce récit sous forme de roman, nous découvrons les lieux de promenade du Cambrai médiéval, les travaux de Van Eyk, s’y mêle une histoire d’amour…
Le règlement des agents de police de la Ville de Cambrai pour 1911, avec son chapitre intitulé « Salubrité des comestibles », nous livre le règlement en vigueur pour les produits de boulangerie, le beurre, le charbon, les matériaux toxiques … intérêts historique et sociologique garantis !
Nous souhaitons à nos lecteurs une agréable promenade au fil de ce numéro.
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Sommaire
2017 124 09 Couverture 1 Le Cambrésis, terre d’envol pendant la Grande Guerre
2017 124 09 Couverture 2 Sommaire – Coordonnées
2017 124 09 01 page 01 Éditorial.
2017 124 09 02 page 02 Les aérodromes dans le Cambrésis pendant la première guerre mondiale Pierre Lemaître
2017 124 09 03 page 17 Le Cateau : L’itinéraire insolite d’Hector Zevallos Thierry Lengrand
2017 124 09 04 page 31 Le Cateau : Le commandant Edouard Richez Pierre Démaret
2017 124 09 05 page 40 Jan Van Eyk à Cambrai (3ème partie) Gérard Domise
2017 124 09 06 page 47 Cambrai, 1911 : Manuel des Agents de police : Salubrité des comestibles
2017 124 09 Couverture 3 Bon d’abonnement
2017 124 09 Couverture 4 La maison coloniale Zevallos (Association des Amis de Zevallos)
Les aérodromes dans le Cambrésis pendant la Première Guerre Mondiale
Pierre Lemaître
Durant des siècles, les guerres se déroulaient sur la terre ou dans la mer, mais pas dans les airs, faute de maîtrise de la troisième dimension. Pourtant « prendre de la hauteur » permet d’observer plus facilement l’ennemi et, ainsi, d’anticiper les attaques ou défenses.
Il a fallu attendre la fin du XVIIIème siècle pour s’affranchir de l’altitude. C’est en 1794, à la bataille de Fleurus, que, pour la première fois, on a utilisé un ballon à des fins militaires. On parle alors de « plus léger que l’air ».
L’exploit de Clément Ader en 1890, avec son Éole, va donner un deuxième élan pour la conquête et la maitrise de la hauteur avec cette fois, un « plus lourd que l’air ». En quelques années, les progrès vont être spectaculaires au point qu’en 1909 Louis Blériot réussit à traverser un bras de mer sur son Blériot XI. Son invention, en même temps que celles d’autres comme Farman ou Voisin, donnera aux militaires, pourtant quelque peu sceptiques dans un premier temps, une nouvelle capacité qui s’amplifiera par la suite.
Cette étude propose un simple recensement des communes qui ont accueilli un aérodrome pendant la Première Guerre, sans chercher à le localiser (un article illustré sera publié ultérieurement dans Jadis en Cambrésis pour préciser les emplacements lorsqu’ils sont connus). L’arrondissement administratif de Cambrai, augmenté de quelques villages voisins qui ont eu une influence sur le Cambrésis, sera la limite géographique. Pourquoi ne considérer que l’arrondissement de Cambrai, même un peu élargi ? Ce dernier est-il significatif des activités aériennes inscrites dans l’histoire de l’aviation pendant le Premier conflit mondial ? Comment mettre en évidence les évolutions tactiques et technologiques ? Y a-t-il une spécificité pour le Cambrésis ?
Au travers d’un travail de compilations, de consultations de documents historiques, d’analyse des activités aériennes et des témoignages, cet article tente d’apporter des réponses à ces questions.
Une maison hantée sur l’île Papillon
Le Cateau – L’itinéraire insolite d’Hector de Zevallos
Thierry Lengrand
ZEVALLOS
C’est le vent frais de l’Atlantique qui accompagne ce récit des voyages d’un enfant du Cateau parti vers la Guadeloupe. Un récit où l’histoire et la légende se mêlent et ouvrent à notre imagination des paysages brumeux, lumineux ou nocturnes, peuplés de personnages aux caractères bien marqués !
Monseigneur de Fleury : En ce 11 septembre 1774, l’archevêque de Cambrai, Monseigneur de Choiseul, 50 ans, se trouve à Moulins. Il se rend à Vichy pour prendre les eaux thermales. Mais le voyage s’arrête là : la mort le surprend, loin de Cambrai… Il est inhumé en l’église Saint- Pierre de Moulins, église qui sera détruite au cours de la Révolution.
Cette même année voit mourir le roi Louis XV. Le nouveau roi, Louis XVI, né en 1754, désigne le nouvel archevêque de Cambrai. Il s’agit de Henri Marie Bernardin Rosset de Fleury. A 56 ans, il quitte ses fonctions à Tours. C’est en août 1775 qu’a lieu, à Cambrai, la joyeuse entrée du prélat. Le 5 septembre, la ville du Cateau reçoit sa visite lors d’une réception solennelle dont le coût fut estimé à 4 000 livres de l’époque.
Monseigneur de Fleury, nouveau seigneur du Cateau, ne souhaite se consacrer qu’aux affaires spirituelles. Il consacrera sa vie aux prières et cérémonies. Ce qui l’amènera à laisser la charge du temporel à un avocat du Parlement de Paris, Sylvain François Pradeau, un homme d’affaires avisé et rigoureux. Pradeau, dans sa tâche de commissaire à la rédaction des comptes de la ville du Cateau, va se faire aider par le vice-châtelain, Jacques Joseph Dominique de Zevallos.
Le Cateau – Le Commandant Nouant Ridiez
1ère partie
Pierre Démaret
Edouard Richez et la Guerre 1914/1918
Le capitaine Edouard Richez en 1919
Nous connaissons tous la place du Commandant Richez (anciennement Place Thiers) mais qui d’entre nous connaît vraiment sa vie, son implication dans les deux guerres et dans la résistance lors de la seconde guerre mondiale ?
Fils de Jules Absalon Richez, Chef mécanicien âgé 29 ans, et de Adelina Rosalie Martin, modiste âgée 25 ans, domiciliés 7 rue de la République au Cateau, Edouard voit le jour le 26 octobre 1888 à 2 heures du matin au Cateau.
En 1918, ses parents sont domiciliés à Voiron en Isère. De religion protestante, il faisait partie de la Loge n° 301 « Travail et Progrès », Orient du Cateau. Directeur au tissage mécanique Seydoux à Bousies, il habitait 17 rue de la Gare au Cateau.
Il avait les cheveux châtains, les yeux bleus, le front rond, le nez petit, la bouche moyenne, le menton à fossette et le visage ovale, et mesurait 1,69 mètre. Signe particulier, cicatrice de coup à la paume de sa main gauche.
Edouard Richez fait son service militaire : Du bureau de recrutement d’Avesnes, classe 1908, matricule 178, il est incorporé soldat de 2e classe au 1er Régiment d’Infanterie du 6 octobre 1909 au 24 septembre 1911. Il sera nommé Caporal le 1er mars 1910 puis Sergent le 25 septembre 1910. A la fin de son service militaire, le certificat de bonne conduite lui sera accordé et il passera dans la réserve de l’armée d’active le 1′ octobre 1911. Durant la période 1911-1913, les habitats successifs d’ Edouard Richez sont …
Jan Van Eyk à Cambrai
3ème partie : Printemps du Nord
Gérard Domise-Pagnen
Le printemps dans le Nord : En Cambrésis, le printemps n’éclate pas rapidement comme dans les contrées du Midi. Il vient pas à pas, entremêler des giboulées et des jours froids, et les herbes et les fleurs, de même que les bourgeons des arbres, n’éclosent que lentement sous les rayons voilés de brume d’un soleil incertain. Mais ces préludes hésitants n’en sont que plus attendus, plus attentivement guettés, et le premier perce-neige, la première violette, sont cherchés comme on cherche un trésor.
Les touffes de violettes qui fleurissaient à la fenêtre de Marguerite avaient été prises par elle l’année précédente sur les bords de la belle source que l’on nommait la « fontaine Saint-Benoît »1. La jeune fille souhaitait y retourner celle fois pour en rapporter quelques plants de primevères. Dame Guillemette, qui prenait plus de plaisir a ranger son logis qu’à voir les champs, eut bien préféré rester à la maison pour serrer sa vaisselle et les reliefs du festin, et replier sa belle nappe damassée. Mais Aldegonde lui dit :
– Te prendrai soin de tout, madame, ne vous inquiétez pas. Il faut promener mademoiselle. Pensez donc ! Depuis les fêtes de Toussaint, elle n’est pas sortie de la ville, celle enfant 1
– C’est vrai 1ui dit Guillemette. Allons, ma fillette, va mettre ta cape et descends-moi la mienne.
Et quelques minutes après, la mère et la fille sortirent de Cambrai par la porte de Saint-Sépulcre (Porte de Paris). Deux vieilles filles de leur connaissance, mesdemoiselles Saturnine et Rotrude Delanoise les rencontrèrent et leur proposèrent de faire route ensemble. On les avait surnommées Dispute et Querelle, parce que ces deux estimables soeurs, qui ne se quittaient jamais et s’aimaient beaucoup, au fond, avaient l’habitude de se contredire perpétuellement.
A peine furent-elles en marche, l’une à droite, l’autre à gauche de dame Guillemette, que mademoiselle Dispute lui dit :
– Ma bonne voisine, il fait grand chaud Pourquoi n’ôterions-nous pas nos capes pour marcher. Il sera temps de les remettre quand nous nous assoirons auprès de la fontaine.
– Quelle idée! s’écria Querelle : qu’il fasse plus ou moins chaud, qu’importe 2 Des personnes de notre âge ne peuvent décemment se promener en « corps gentil » comme des jouvencelles.
Ville de Cambrai 1911
Manuel des Agents de Police – Salubrité des comestibles
Boulangerie (Arrêté municipal du 29 septembre 1829) : Article 1″ : Le grand pain devra, qu’elle qu’en soit la qualité, peser trois kilogrammes, le demi-pain un kilogramme et demi, et le quart de pain trois quart de kilogramme.
Article 2 : Le grand pain et ses deux fractions, en usage dans cette ville, devront toujours conserver les poids ci-dessus dits, même lorsqu’ils seront froids et rassis et tant qu’ils seront exposés en vente par les boulangers, lesquels seront tenus de peser les pains lorsqu’ils en seront requis par l’acheteur.
Article 3 : Chaque boulanger devra empreindre sur ses pains, d’une manière distincte, la marque particulière qui lui est donnée par la Police.
Boulangerie foraine (Arrêté municipal du 25 août 1863) :
Article 1″ : A dater du 1″ septembre prochain, les boulangers forains auront le droit d’apporter et de vendre leur pain dans la commune de Cambrai, soit sur les marchés publics, soit dans les boutiques qu’ils jugeront à propos d’établir en cette commune.
Article 2 : Les mesures de police concernant la boulangerie urbaine sont applicables à la boulangerie foraine.
Boucherie foraine : taxe de la viande (Arrêté municipal du 9 octobre 1851) : Article ler : La viande exposée en vente sur les marchés sera à l’avenir taxée ainsi qu’il suit :
Première classe (Morceaux choisis)
Deuxième classe (Morceaux ordinaires)
Troisième classe (Bas morceaux)