JADIS n° 127 – Septembre 2018
Editorial
Notre numéro d’automne s’ouvre sur un document assez extraordinaire : le récit de l’évacuation d’une famille, en mai 1940, de Cambrai à Guingamp, par Jean Cyffers. Récupéré dans des papiers de famille, il a fait l’objet d’une retranscription soignée par Jean-Bernard Cyffers et son épouse, avec en complément, en grisé, une autre relation familiale, celle d’Yvonne Lemaire. Une incroyable odyssée, d’une précision remarquable, un document exceptionnel que nous découvrirons sur trois numéros.
Le 8 juin 1913, il s’est déroulé, malgré un temps maussade, deux courses cyclistes importantes à Cambrai. Selon la presse locale, elles auraient toutes deux attiré la foule. L’harmonie municipale joue à l’arrivée de Paris-Cambrai, celle de Marcoing au Grand Prix de la Ville. Pourquoi, alors que le cyclisme vit ses débuts, deux courses importantes le même jour ? Explications sous la plume du spécialiste en la matière, Daniel Fertin, qui narre pourquoi le premier Paris-Cambrai a failli ne jamais exister.
Nous poursuivons la découverte, grâce à Bernard Becquet, d’Albert Sartiaux, artiste en exploitation des chemins de fer : dans cette seconde partie consacrée à la vie de l’ingénieur catésien, nous allons découvrir d’autres éléments majeurs nés de son esprit créatif et pragmatique. Avec notamment un système remarquable d’exploitation ferroviaire, modèle de gestion original qui marquera l’histoire de la Compagnie du Nord. Ou alors, la relance d’un projet pharaonique très abouti, le tunnel sous la Manche – oui oui oui – qu’il ne connaîtra pas de son vivant.
Autre personnage oublié, que la belle recherche de Pierre Démaret met en valeur : un Catillonnais atypique, Henry Joseph François-Deloffre. Cet homme, qui fut pourtant maire de Cambrai, n’a laissé que peu de traces, pas même un portrait. Or ce travail révèle une vie (1773-1854) très riche. Né à Cotillon-sur-Sambre, il travaille aux bureaux du district de Cambrai où il est très apprécié de M. Forez. Devenu agent national du canton d’Abancourt, présidé par un dénommé Vanam, il subit les exactions de ce dernier qui lui reprochait de ne pas être corruptible à son gré. Après de nombreuses vicissitudes, il devient juge au Tribunal de Commerce, exerce des fonctions municipales, devient maire de Cambrai (son mandat connaît l’agrandissement du port de Cantimpré et la construction de l’hôpital Saint-Lazare). Chevalier de la Légion d’Honneur, membre de la Société d’Emulation, il démissionnera de sa fonction de maire pour raisons de santé. Un bel itinéraire à découvrir.
Il fut un temps, au XIXe siècle, où la presse avait peu d’illustrations mais comportait de grands récits avec un luxe de détails très intéressants pour les historiens d’aujourd’hui. C’est le cas avec la description du franc marché du 24 à Cambrai, sous la signature, apprécions le jeu de mots, de C. Kelkun…
Les Amis du Cambrésis seront présents au Congrès Scaldobresia 2018 à Escaudoeuvres les 22 et 23 septembre. L’occasion de nous rencontrer.
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Sommaire
127 2018 09 Couverture 1 : Portrait de Sartiaux âgé (Revue générale de l’électricité du 1er octobre 1921).
127 2018 09 Couverture 2 : Coordonnées et Sommaire
127 2018 09 01 01 Éditorial.
127 2018 09 02 02 Evacuation 1940: De Cambrai à Guingamp (1ère partie), Jean-Bernard Cyffers.
127 2018 09 03 15 Cyclisme : Le premier Paris-Cambrai a failli ne jamais exister, Daniel Fertin.
127 2018 09 04 23 Le Cateau – Un artiste en exploitation des chemins de fer – Albert Sartiaux (2ème partie), Bernard Becquet.
127 2018 09 05 36 Un Catillonnais atypique : Henry Joseph François-Deloffre, Pierre Démaret.
127 2018 09 06 46 Cambrai 1888: Le Franc Marché du 24, Journal La Dépêche.
127 2018 09 Couverture 3 : Bon d’abonnement et adhésion
127 2018 09 Couverture 4 : Cambrai : La Place d’Armes un jour de grand marché (Collection Ph. Barbet).
Article 1
Évacuation de 1940 – De Cambrai à Guingamp…. 1ère partie
Jean-Bernard Cyffers
Je suis Jean-Bernard Cyffers, né en 1951 et j’ai récupéré des « papiers » au décès de mes grands-parents en 1982 et aussi des « papiers » de mon père décédé en août 2014. bans cette pile de documents, il y avait ce récit de l’évacuation en 1940.
Au printemps 2016, j’ai réalisé, avec Michèle mon épouse, une retranscription à partir du document original et j’ai contacté les deux seules personnes encore vivantes, Gisèle et Charles Lemaire. Gisèle a, avant lecture du document, consigné ses propres souvenirs qui font aussi l’objet d’une retranscription. Elle a d’autre part recherché dans les papiers de sa maman Yvonne décédée et a trouvé un petit carnet de couleur verte dans lequel Yvonne avait aussi consigné son récit de cette même évacuation. La retranscription a été longue et difficile car le texte est écrit au crayon de bois, avec des reprises de paragraphes pas toujours évidents à comprendre….
La lecture des courriers donne aussi bon nombre d’informations sur la période passée à Guingamp et particulièrement une lettre commune des « évacués » à l’attention de Stéphane resté dans le Nord.
J’ai aussi retrouvé ce que Jean appelle « les cartes » du calendrier des postes ainsi que le descriptif de la chambre de Guingamp.
Le texte de Jean Cyffers a donné envie à Jacques Parmentier (un ami de Michel Hernoult) d’établir la carte du déplacement de ce groupe de 12 personnes de Cambrai à Beauvais. J’espère, à ce jour, obtenir des éléments nouveaux de Charles Lemaire …
Etaples-sur-Mer, le 23 mai 2016 …
Article 2
Le premier Paris-Cambrai a failli ne jamais exister
Daniel Fertin
Le 8 juin 1913, il s’est déroulé, malgré un temps maussade, deux courses cyclistes importantes à Cambrai. Selon la presse locale, elles auraient toutes deux attiré la foule. L’harmonie municipale joue à l’arrivée de Paris-Cambrai, celle de Marcoing au grand Prix de la ville ! Pourquoi, alors que le cyclisme vit ses débuts, deux courses importantes le même jour à Cambrai ? …
Article 3
Un artiste en exploitation des chemins de fer Albert Sartiaux – 2ème partie
Bernard Becquet
Dans cette seconde partie consacrée à la vie de l’ingénieur catésien, nous allons découvrir d’autres éléments majeurs nés de son esprit créatif et pragmatique. Avec notamment un système remarquable d’exploitation ferroviaire, modèle de gestion original qui marquera l’histoire de la Compagnie du Nord. Ou encore, la relance d’un projet pharaonique très abouti qu’il ne connaîtra pas de son vivant…
Article 4
Un Catillonnais atypique – Henry Joseph FRANÇOIS-DELOFFRE
Pierre Démaret
Henry François est né le 6 juillet 1773 à Catillon et décède à Cambrai, âgé de 81 ans, le 15 septembre 1854. Dans de nombreux documents, il est nommé François (prénom) Deloffre (nom patronymique), ce qui est une erreur, son nom d’état civil est François (nom) Henry Joseph (prénoms), Deloffre étant le nom patronymique de son épouse.
Il est le fils de François Isidore, né le 29 février 1744 à Catillon, décédé à Mazinghien le 21 mars 1816 âgé de 72 ans, et de Catherine Elisabeth Lambrecht, née en 1735 (lieu non déterminé) et décédée, à Catillon, le 5 thermidor an VI (23 juillet 1798) à l’âge de 63 ans. François Isidore était le fils de Nicolas François et de Marie Marguerite Dumenil ; Lambrecht Catherine Elisabeth était la fille de Cornil Lambrecht et de Christine School.
Le couple Nicolas François et Marie Marguerite Dumenil était domicilié à Catillon et avait dix enfants, nés à Catillon, excepté Marie Thérèse : Catherine, née le 26 février 1741; Marie Alexandrine, née le 06 octobre 1742 ; Isidore, né le 29 février 1744 ; Marie Thérèse, née le 15 décembre 1745 à Prisches ; Marie Michèle, née le 25 mai 1747 ; Nicolas, né le 5 décembre 1748 ; Louis Augustin, né le 27 août 1750 ; Anne Marie, née le 5 mars 1753 ; Marie Marguerite, née le 10 novembre1754, et Marie Jeanne, née le 17 novembre 1761.
Le parrain d’Henry était Henri Joseph Soufflet, d’Ors, et sa marraine Marie Célestine Lesnes, de Catillon. Henry François avait deux frères, tous deux nés à Catillon : Charles, né le 05 mai 1775 et décédé le 11 octobre 1775 âgé de 5 mois ; Antoine Laurent, né le 13 novembre 1776 (sans autre renseignement)…
Article 5
Cambrai 1888 …
Le Franc Marché du 24 – Extrait du journal La Dépêche de mars 1888: Le Franc-Marché du 24 à Cambrai Médiathèque d’Agglomération de Cambrai, Fonds Delloye, Liasse 33, pièce n° 23
Et bien ! tiot Baptiste, viens-tu au 24 ? Est-ce que t-ira à Caimbrai, ti, au 24 ? Les interrogations ne comportent que cette date sommaire et brève. En effet, dans le Cambrésis et autres régions lointaines ou circonvoisines, tout le monde sait ce que cela veut dire ; le 24, c’est la date du franc-marché de chaque mois et les paysans qui s’abordent savent parfaitement de quoi il retourne.
De même les détaillants de toute nature à Cambrai font leurs apprêts pour ce jour spécial. Charlatans, boutiques, auberges, étals, tout s’apprête pour satisfaire au mieux les nombreux visiteurs qui, de toutes les chaussées Brunehaut, de tous les chemins creux, les anciens chemins gaulois ou romains, débouchent en bandes nombreuses vers Cambrai ; c’est une animation extraordinaire tout à fait réjouissante aussi pour les flâneurs.
Car il y a de tout à ce franc-marché. Sur la Place d’Armes, vis-à-vis l’hôtel de ville, les marchés ordinaires aux légumes, aux fleurs et aux fruits, sont encore plus mouvementés que de coutume, et par les deux rues des Trois Pigeons et de l’Ange qui mènent à la Place au Bois (lieu ou se tient le franc-marché aux bestiaux), les paysans, les acheteurs et les promeneurs font un va-et-vient continuel au milieu des cris des charlatans de toutes sortes, de marchands d’orviétan, des éventaires et des estrades, où, sous le couvert de gigantesques parapluies rouges, on démontre aux campagnards que l’extraction des dents est une véritable jouissance…